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Interview Paul Bierhaus & Gwen Stok

Il y a quelques mois, nous avons eu la chance de rencontrer l’illustratrice Gwen Stok et Paul Bierhaus du studio YipYip. Nous en avons profité pour parler de leur adaptation du livre de l’auteur néerlandais Toon Tellegen "A Distant Journey".

Vous participiez à la conférence From Paper To Screen pour présenter votre travail sur l’application "A Distant Journey", une application en réalité augmentée, librement inspirée du travail de l’auteur Néerlandais Toon Tellegen. Comment s’est passé la genèse du projet ? 

Fin 2013 nous sortions notre première application, "The Land of Mislaid". Une adaptation à la lettre d’un livre illustré et nous avions l’intuition que pour notre prochain projet nous devions nous orienter vers un contenu interactif conçu spécifiquement pour les appareils tactiles. Nous cherchions des idées et nous avons appris que Gwen travaillait sur un projet d’adaptation d’un roman de Toon Tellegen en livre illustré. Nous adorions l’histoire originale et nous aimions également les illustrations de Gwen donc nous lui avons demandé si ça l’intéressait de travailler sur une application avec nous. Nous avons alors commencé par travailler sur des idées d’animations, nous souhaitions vraiment créer une expérience de lecture linéaire. A l’instar des jeux vidéos comme Mario où il faut courir et sauter pour avancer dans le jeu, il faut lire pour aller plus loin dans notre app. De son côté Gwen a beaucoup expérimenté dans sa manière de travailler. Un style qui fonctionne sur papier ne sera pas forcément adapté à des supports numériques et effectivement le résultat final est assez éloigné de ce qu’elle imaginait au début. 

Comment avez vous procédé pour recréer l’esthétique du livre de Toon Tellegen à travers une application adapté à tous les publics ? 

Nous avons tout d’abord identifié les éléments qui caractérisent le style d’écriture de Tellegen et nous sommes parti de ces spécificités pour construire notre travail. Pour nous son style est très facétieux empreint d’optimisme et d’une certaine tranquillité, particulièrement dans cette histoire. En conséquent chaque décision, chaque illustration, chaque chanson que nous avons composée l’a été avec cette idée en tête. Cela nous a aussi aidé à rendre cette histoire accessible à une audience plus jeune, à travers la tranquillité que nous avons choisi d’insuffler à l’histoire par exemple. Nous avons également voulu enlever au maximum tout ce qui pouvait être susceptible de sortir le lecteur de l’arc narratif, afin de permettre aux enfants de rester concentrés sur l’histoire. 

 

Il est toujours difficile de mener ce genre de projets à bien. L’investissement technique est important et les technologies utilisées évoluent très vite. Avez-vous reçu des soutiens financiers ou matériels ?  

YipYip a la chance d’avoir une équipe de développeurs talentueux et dotée d’une grande curiosité, donc ils sont en permanence à la pointe de la technique. Nous avons bien sûr étudié toutes les possibilités dont nous disposions, mais le choix de la réalité augmentée s’est très vite imposé. Ça a nécessité un investissement important mais nous avons pu Gwen, Halway Station et le studio assumer la plupart de ces coûts et avec un petit coup de pouce de la Dutch Foundation of Literature nous avons pu concrétiser ce beau projet. 

Quelles sont les prochaines étapes dans le développement de "A Distant Journey" ? Pour l’instant l’application est disponible aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Allez-vous la rendre disponible dans d’autres pays ? 

Nous cherchons actuellement des partenaires internationaux pour nous permettre de mettre en place une distribution à plus grande échelle. Comme nous sommes un studio d’une taille relative modeste nous avons encore du mal à nous occuper d’une campagne pour développer l’app en dehors des Pays-Bas et en même temps nous occuper de nos activités plus traditionnelles. 

Nous avons assisté à de nombreuses évolutions dans le milieu de la littérature jeunesse ces dernières années, comment pensez-vous que le secteur va évoluer ?

Raconter des histoires fait partie du patrimoine de l’humanité au même titre que manger, boire et dormir. Alors même que nous disposons d’une myriade de médias nous n’avons pas encore explorer toutes les possibilités narratives qu’elles peuvent créer. La réalité augmentée ou virtuelle en est encore au tout début et se développe très rapidement, on peut même comparer qu’à l’échelle d’existence du livre, les écrans tactiles sont très jeunes. Tout cela nous offre des opportunités incroyables pour divertir et enseigner à travers des histoires. Je pense que la narration n’a pas de limite, tant qu’il y’aura des hommes il y’aura des histoires.